Le consentement de Vanessa Springora

Le consentement de Vanessa Springora aux éditions Grasset, 2020.

Résumé de l’éditeur :

Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À treize ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de cinquante ans aux faux airs de bonze, par ses œillades énamourées et l’attention qu’il lui porte. Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin « impérieux » de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l’aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu’elle vient d’avoir quatorze ans, V. s’offre à lui corps et âme. Les menaces de la brigade des mineurs renforcent cette idylle dangereusement romanesque. Mais la désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne depuis toujours les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays où les mineurs sont vulnérables. Derrière les apparences flatteuses de l’homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire. V. tente de s’arracher à l’emprise qu’il exerce sur elle, tandis qu’il s’apprête à raconter leur histoire dans un roman. Après leur rupture, le calvaire continue, car l’écrivain ne cesse de réactiver la souffrance de V. à coup de publications et de harcèlement.
« Depuis tant d’années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre », écrit-elle en préambule de ce récit libérateur.

Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, d’une sidérante lucidité, écrit dans une langue remarquable. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l’ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d’une époque, et la complaisance d’un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

Mon avis :

Le résumé dit que c’est écrit dans une langue remarquable. Je suis d’accord. Je n’ai pas lu les livres du fameux G. que tout le monde sait identifier s’il a un tant soit peu suivi l’actualité à la sortie de ce livre.

C’est un livre remarquable tant par ses qualités littéraires et par son contenu. L’enfance de Vanessa Springora a été marqué par un père absent qu’elle n’a de cesse cherché à être aimé. C’est peut-être pour cela que G. a si bien pu la séduire. Entre ses bras elle a peut-être cru retrouvé un père inexistant.

Ce qui a aussi aidé c’est l’époque. On est après mai 68 et il est devenu interdit d’interdire. Sa mère bien qu’au départ récalcitrante de la relation de sa fille avec G. se fera une raison. Elle l’invitera même à diner. Et aura tout aussi peur que G. et V. de l’enquête de police. Enquête qui ne débutera sur rien en dehors de renforcer l’emprise de G. sur Vanessa.

Le milieu littéraire est aussi coupable. Coupable d’avoir publié ses journaux qui parlait ouvertement de ses amours pédophiles y compris avec des jeunes garçons livrés par leurs familles pour gagner quelque sous.

Il n’a laissé que des enfants qui ont appris à grandir trop vite, qui ont d’innombrables blessures.

Oui il a violé. Non il ne l’a pas fait dans une ruelle sombre. Non il n’a pas enlevé d’enfants. Mais il a séduit des jeunes filles par des attentions qu’elles n’avaient peut-être pas par ailleurs. Il a « séduit » des jeunes garçons à coup de maigres billets.

Et non aucun de ses enfants n’a étébaimé. Il n’ a pensé qu’à lui, à ses envies et s’est contrefiché des attentes et des désirs de ses jeunes partenaires.

Il a pensé qu’à lui. Il a assouvi ses désirs physiques pour ensuite les retranscrire dans ses journaux qu’il publiait. Et il se faisait invité dans les émissions littéraires pour parler avec la complaisance de l’animateur comme des invités de ses goûts en matières je cite de « petites minettes ».

D’ailleurs Vanessa a accompagné une fois G. à cette émission.

Il a fallu qu’elles lisent les livres de G. (qu’il lui interdisait de lire), d’en parler aussi avec un ami qui fait comme elle du baby-sitting et de comprendre qu’elle était loin d’être la seule jeune fille séduite par cet homme qui ne recherchait sa propre jouissance à défaut des autres. Pour qu’elle le quitte. Et lui n’a eu de cesse de la poursuivre que ce soit en écrivant chez sa mère ou à son travail.

J’espère que ce livre lui permettra d’aller de l’avant et de se retrouver et de savoir qu’elle est bien plus talentueuse et bien plu humaine que ce tas de merde a qui on a donné le prix Renaudot.

Ce livre se lit très vite tellement il est bien écrit et ce qu’il raconte est édifiant.

Bonne lecture !

« J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste » compilé par Loïc Prigent chez Grasset

« J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste » compilé par Loïc Prigent aux éditions Grasset en 2016 et édité et complété d’une nouvelle saison en 2017 chez Points.

Un livre rouge avec en bas Catherine Deneuve assise et en sous-titre : Pépiements.

Résumé de l’auteur :

Voici les saisons de couture de Loïc Prigent. Depuis 2011, celui qui est le plus influent documentariste de la mode tient un compte Twitter (@LoicPrigent) qui fait grincer des dents tout le milieu de la mode et rire tous les autres (et parfois le milieu lui-même). Laissant ses oreilles traîner dans les défilés et les studios, il y recueille les bons mots, les rosseries, les énormités, les béatitudes et les coups de griffe des participants de ce petit cercle qui gouverne le goût du monde entier. Mannequins ? Attachés de presse ? Créateurs ? Qui parle ? Écoutez-les, orchestrés par Loïc Prigent, porte-voix de cette nouvelle comédie humaine. Il y invente un nouveau genre littéraire : le pépiement.
« Ne pleure pas. Pense à ton maquillage. »
« – C’était bien ton dîner?
– J’ai dit que des trucs que j’avais déjà dits et écouté que des conversations que j’avais déjà entendues. »
« – Quel jour on est ?
– Mais comment veux tu que je le sache ? »
« J’ai tellement faim, je pourrais manger. »

A coup sûr, le livre le plus drôle des années 10. Et, qui sait, le plus poétique ?

Le livre est le choix des meilleures phrases de ces cinq années, auxquelles Loïc Prigent a ajouté un grand nombre d’inédits.

 

Mon avis :

Ce livre est une compilation de bons mots que Loïc Prigent a entendu dans le monde de la mode. C’est souvent très drôle. Parfois mordant. On a l’impression que l’anorexie est la norme; que dénigrer ses amis et collègues est un mode de vie; que les stagiaires doivent être exploités. Ces personnes ont l’air totalement déconnecté de la réalité. C’est très, très, caustique. Donc si si un jour vous avez un coup de mou, jetez vous sur ce livre qui vous fera beaucoup rire. J’espère que l’auteur continuera à nous faire profiter des bons mots entendus ci et là.

On ne sait jamais qui parle : un homme ou une femme, un attaché de presse , un créateur, un mannequin…

Bonne lecture !